J’ai créé mon rucher en 2013.

Depuis, j’ai progressivement divisé mes ruches pour augmenter mon cheptel. En 2016, j’ai réussi à presque doubler ma production de miel après avoir doublé mon nombre de ruches. En 2017, j’ai donc beaucoup prospecté afin de créer un maillage de points de vente dans toute la Dordogne. Mon but est de proposer à mes clients toute une gamme de miels produits par mes abeilles et récoltés par mes soins en Périgord.

Pour mes abeilles et pour moi, l’année 2017 a été une année particulièrement difficile.

Le mois de mars très ensoleillé permettait d’espérer une belle saison apicole. Les pluies et les gelées d’avril ont impacté de nombreuses miellées printanières. Les mauvaises conditions climatiques qui ont perduré sur la floraison des acacias et des tilleuls, ont limité la sécrétion de nectar et le butinage des abeilles. Du 15 mai au 15 juin, comme l’année précédente, l’absence de nourriture a contraint les abeilles à consommer ce qu’elles avaient pu engranger précédemment et à subir une période de disette. Afin de rationner les
réserves de nourriture, les reines ont naturellement diminué leur ponte et favorisé l’essaimage. S’en est suivi un affaiblissement de la population d’abeilles.

Du 15 juin jusqu’au 25 juillet, de nouvelles sources de nourriture, comme le nectar de châtaignier et de ronce… ont permis aux colonies de se développer, de refaire leur stock de provisions et de remplir les hausses de miel. La production de miellat a été inexistante…

A l’entrée de l’automne, la population des colonies était très faible. J’ai nourri mes abeilles au maximum afin de leur garantir suffisamment de réserves pour passer l’hiver… Trop affaiblies, elles ont été assiégées et détruites par les frelons asiatiques, malgré le piégeage et la destruction des nids découverts.

Pour résister au froid, les abeilles ont besoin d’un milieu sain, de suffisamment de nourriture, ce qui était le cas. Mais il faut aussi que les populations soient suffisantes. Quand il fait froid, les abeilles se regroupent en grappes pour résister grâce à la chaleur que dégage la colonie. Mais cet hiver, mes ruches n’étaient pas suffisamment populeuses pour résister aux successives périodes de gel.

D’un cheptel de base de 140 ruches, je finis l’hiver avec seulement 24 ruches vivantes.

C’est-à-dire que 83% de mes ruches sont mortes suite à un effondrement progressif de leur population. C’est pour moi, à tous points de vue, une situation triste et alarmante. De nombreux apiculteurs amateurs ou professionnels sont dans la même situation. Aujourd’hui, je tente d’analyser l’ensemble des facteurs qui m’ont conduit à cette situation et cherche déjà des solutions pour que mes abeilles ne subissent plus jamais cela. Je veux être avant tout un berger hors-pair pour mes abeilles.

Au printemps 2018, pour la première fois, je vais acheter de nombreuses colonies d’abeilles et des reines, afin de reconstituer mon cheptel avant début juin. Si la météo et tous les autres facteurs sont enfin de notre côté, je pourrai peut-être sauver ma saison 2018 et garantir à mes abeilles un hivernage paisible dans de bonnes conditions. J’espère garantir également à mes clients et toutes les personnes qui nous soutiennent, une production abondante de miel de qualité du Périgord.

Benoit SERRE l’apiculteur du Rucher du Marandou.