Varroa destructor : le guide expert 2025 (France)
“En tant qu’apiculteur en Dordogne, je partage ici un guide complet basé sur mon expérience et sur les recherches récentes, afin d’aider les apiculteurs de France à mieux comprendre et gérer le varroa destructor.”
Sommaire
1 – Biologie du parasite et cycle du varroa
2 – Origine et introduction du varroa en Europe et en France
3 – Signes cliniques & viroses associées
4 – Mesure de la pression varroa (VP/100 abeilles)
5 – Stratégie de lutte intégrée en 2025
5.1 Traitement principal post-miellée
5.2 Traitement hivernal à l’acide oxalique (AO) hors couvain
5.3 Méthodes biotechniques
5.4 Résistances et rotation raisonnée
5.5 Gérer les ré-infestations
6 – Protocoles-types selon les situations
7 – Panorama des familles de traitements disponibles
8 – Sélection d’abeilles tolérantes (VSH/SMR)
9 – Innovations & recherches récentes
10 – Erreurs fréquentes à éviter
11 – Checklist « rucher prêt pour l’hiver »
12 – Mon expérience d’apiculteur en Dordogne
13 – FAQ
1. Biologie du parasite et cycle du varroa 
Varroa destructor alterne entre phase phorétique sur adultes et phase reproductrice dans le couvain operculé, avec une préférence marquée pour le couvain mâle.
Il se nourrit du tissu adipeux des abeilles, impactant leur métabolisme, longévité et résistance aux agents pathogènes.
2. Origine et introduction du varroa en Europe et en France
Le varroa destructor est originaire d’Asie, où il vivait à l’état naturel sur l’abeille asiatique (Apis cerana). Dans son milieu d’origine, il n’entraînait pas de mortalité massive, car Apis cerana a développé des comportements de défense efficaces : hygiène accrue, découpe du couvain infesté et limitation de la reproduction du parasite au couvain de mâles.
C’est au milieu du XXe siècle que le varroa a franchi la barrière d’espèce en s’adaptant à l’abeille mellifère européenne (Apis mellifera), utilisée en apiculture à travers le monde. L’absence de co-évolution a rendu nos abeilles très vulnérables.
1950–1960 : premières observations sur Apis mellifera en Russie.
1970–1980 : diffusion rapide dans l’ensemble de l’Europe.
1982 : premières détections en France, avec extension fulgurante à tous les ruchers.
1990–2000 : généralisation de la varroose, devenue l’un des principaux facteurs de mortalité des colonies.
Aujourd’hui : le varroa est présent sur tous les continents à l’exception de l’Australie, qui demeure la seule grande région apicole encore indemne.
Cette introduction et cette propagation fulgurantes expliquent pourquoi la lutte contre le varroa est devenue une priorité sanitaire mondiale et pourquoi chaque apiculteur doit intégrer une stratégie de gestion durable dans la conduite de ses colonies.
3. Signes cliniques & viroses associées
Symptômes : ailes déformées, abdomens raccourcis, couvain mosaïque, hausse des chutes naturelles.
Le varroa est un vecteur majeur de DWV (virus de l’aile déformée) ; sa présence augmente les charges virales et les pertes hivernales.
“Une forte infestation réduit la vitalité des colonies et entraîne souvent une baisse notable de la production de miel, ce qui affecte directement la récolte et la rentabilité de l’apiculteur.”
4. Mesure de la pression varroa (VP/100 abeilles)
Indicateur clé : Varroa Phorétiques (VP) par 100 abeilles, échantillon d’environ 300 abeilles.
Référence : méthode alcool/détergent — sucre glace ou CO₂ possibles avec coefficient de correction.
Seuils recommandés :
≈ 0,5 en sortie d’hiver
≈ 3 au printemps (entre 2 miellées)
≈ 4 en juillet-août
≈ 0,3 avant hivernage
Comptage toutes les 3–4 semaines, et après chaque traitement.
5. Stratégie de lutte intégrée en 2025
5.1 Traitement principal post-miellée
Effectué après la dernière miellée pour purifier la population d’hiver.
Molécules autorisées : amitraz, thymol, acide formique, parfois pyrethroïdes selon la sensibilité locale.
➡️ Strict respect du RCP obligatoire.
5.2 Traitement hivernal à l’acide oxalique (AO) hors couvain
C’est la méthode la plus efficace pour éliminer les varroas résiduels.
À appliquer uniquement si vraiment hors couvain (fenêtre hiver).
Modalités selon réseau ITSAP/ADA (dégouttement, sublimation ou produits spécifiques).
5.3 Méthodes biotechniques
Piégeage du couvain mâle (cadre dédié, découpage programmé).
Encagement de la reine ou rupture de ponte (~21–24 j), suivi d’un traitement AO.
“Astuce pratique : l’utilisation d’un cadre à mâles comme piège à varroa est particulièrement efficace au printemps. Il suffit de découper et détruire régulièrement ce couvain avant émergence des mâles.”
5.4 Résistances et rotation raisonnée
Des îlots d’amitraz-résistance existent.
➡️ Alterner les familles, éviter sous-dosages, vérifier l’efficacité post-traitement.
Stratégie IRM fortement recommandée.
5.5 Gérer les ré-infestations
Fin d’été/automne : colonies affaiblies attirent des varroas en “robber lures”.
➡️ Mesures : seuils resserrés, comptages fréquents, coordination des traitements avec les ruchers voisins.
6. Protocoles-types selon les situations
Miellées printemps + été : comptage (mai-juin), traitement post-miellée (juillet-août), contrôle d’efficacité + traitement hivernal AO.
Hiver doux (ponte persistante) : encagement fin été + AO hors couvain, surveiller intensivement le couvain en hiver.
Conduite bio : combinaison biotechniques + AO, éviter l’acide formique sur petites colonies, optimiser les ruptures de ponte.
7. Panorama des familles de traitements disponibles
Amitraz (lanières) : efficace, vigilance nécessaire face aux résistances.
Acide oxalique (AO) : référence hivernale hors couvain.
Acide formique (AF) : usage restreint selon T°, prudence sur petits effectifs.
Thymol : gels ou plaquettes, respect des règles pour éviter altération du miel.
Pyrethroïdes : à utiliser avec parcimonie, résistances fréquentes.
8. Sélection d’abeilles tolérantes (VSH/SMR)
Intégrer des souches VSH ou SMR facilite la gestion du varroa, mais ne remplace pas la lutte intégrée.
➡️ Ce sont plutôt des leviers complémentaires à moyen-long terme.
9. Innovations & recherches récentes
Cartographie des résistances à l’amitraz en France.
dsRNA / Vadescana : en évaluation aux États-Unis, pas autorisé en Europe.
Hyperthermie : pistes explorées, mais efficacité variable → à combiner avec AO.
“À l’échelle internationale, la recherche sur le varroa progresse rapidement, et les apiculteurs français doivent rester attentifs à ces innovations pour adapter leurs pratiques au fur et à mesure des autorisations.”
10. Erreurs fréquentes à éviter
Traiter trop tard (après la ponte d’hiver).
Sous-doser ou prolonger la durée des traitements.
Ignorer la ré-infestation.
Ne pas vérifier l’efficacité après traitement.
Décider sans tenir compte des seuils VP/100 ab.
11. Checklist « Rucher prêt pour l’hiver »
VP/100 ab < 1 dix semaines après traitement post-miellée.
AO hors couvain appliqué ou planifié dans une vraie fenêtre sans couvain.
Ré-infestation surveillée : comptages + coordination avec les ruchers voisins.
12. Mon expérience d’apiculteur en Dordogne
« Avec le temps, nous avons travaillé sur la sélection de nos souches pour limiter naturellement la pression du varroa. Nous conservons des colonies d’abeilles noires locales, mais nous avons aussi introduit des souches Buckfast italiennes VSH ainsi que des hybrides. Ces lignées présentent une meilleure tolérance, avec moins de reproduction du varroa dans le couvain.
Côté traitements, nous utilisons principalement les lanières Apivar (amitraz), tout en alternant régulièrement avec d’autres solutions pour éviter les résistances. Au fil des saisons, nous avons observé une diminution notable de la présence de varroa sur nos abeilles et surtout une réduction de la mortalité hivernale. »
“La lutte contre le varroa est un défi permanent, mais avec une stratégie adaptée, des suivis réguliers et une sélection progressive des souches d’abeilles, il est possible de préserver la vitalité des colonies.
Au Rucher du Marandou en Dordogne, nous mettons en pratique ces méthodes chaque saison pour garantir des abeilles en bonne santé et un miel artisanal du Périgord d’une qualité irréprochable.”
➡️ Découvrez nos différents miels et produits de la ruche dans notre boutique en ligne.
13. FAQ
Quand traiter le varroa en France ?
Après la dernière miellée puis en hiver (acide oxalique hors couvain). Adapter en cas d’hivers doux : rupture de ponte/encagement + AO.
Quel est le seuil déclencheur (VP/100 ab) ?
0,5 en sortie d’hiver ; 3 en mai–juin ; 4 en juillet–août ; 0,3 avant hivernage.
Quelle méthode de comptage utiliser ?
Alcool/détergent comme référence ; sucre glace ou CO₂ possibles avec correction.
Les abeilles VSH évitent-elles les traitements ?
Non. Elles réduisent la pression mais n’évitent pas encore une lutte intégrée et des contrôles.
Comment limiter la ré-infestation ?
Comptages rapprochés fin d’été, traitements coordonnés dans la zone, ruptures de ponte.
L’amitraz reste-t-il efficace ?
Oui dans beaucoup de ruchers, mais des îlots de résistance existent : alterner les familles et vérifier l’efficacité.
Le varroa peut-il être éradiqué ?
Non, l’éradication est impossible. L’objectif est de maintenir la pression sous les seuils critiques grâce à une gestion intégrée et durable.
Le varroa influence-t-il la production de miel ?
Oui. Une forte infestation affaiblit les colonies, réduit leur capacité à butiner et impacte directement la quantité et la qualité du miel récolté.