Comment j’ai récupéré mon tout premier essaim d’abeilles dans une maison ancienne en Dordogne
On se souvient toujours de sa première fois. Pour moi, c’est à Trémolat, en 2012, dans un grenier ancien, en plein cœur du Périgord. C’est là que je réalise ma toute première récupération d’un essaim d’abeilles sauvages en Dordogne.
Je suis encore un jeune apiculteur amateur, à mes débuts, bien avant la création du Rucher du Marandou. Je ne suis pas encore professionnel. Je découvre tout juste ma passion pour les abeilles. Très peu de jours se sont écoulés depuis que j’ai ouvert une ruche pour la première fois. Elle me vient de mon grand-père, qui la tenait de son propre père.
Je passe mes soirées à lire des forums d’apiculture, à regarder des vidéos, à poser des questions. Je suis complètement accro aux abeilles. Et je le suis toujours.
Alors, quand on m’a appelé pour récupérer un essaim installé dans une maison, j’ai dit oui, sans hésiter.
Une maison ancienne du Périgord… et un essaim bien installé
Tout a commencé par un appel des propriétaires, intrigués par des allées et venues d’abeilles autour de la maison. Ils soupçonnaient la présence d’un essaim installé dans le mur, un cas assez fréquent dans le Périgord, où de nombreuses bâtisses anciennes offrent des abris parfaits aux abeilles.
En observant de plus près, ils avaient repéré un petit trou dans le mur en pierre, juste au ras du plancher. Les abeilles entraient et sortaient sans relâche. C’était donc bien un essaim installé là, depuis sans doute plusieurs années. Un enlèvement d’essaim d’abeilles était donc nécessaire, mais je voulais le faire proprement, dans le respect total de la colonie.
La scène est typique du Périgord : une vieille bâtisse en pierre, un grenier au plancher grinçant et cette atmosphère paisible des maisons anciennes. C’est souvent dans ce genre de maisons que l’on retrouve des essaims d’abeilles logés discrètement dans les combles ou sous les tuiles.
J’ai pris le temps d’analyser la situation, sans me précipiter. Avec le propriétaire, nous étions montés dans le grenier. Le parquet était ancien. En collant l’oreille au sol, j’entendis un bourdonnement sourd et constant. Le plancher vibre, comme si j’étais au-dessus d’un animal. Elles étaient entre le plafond de la salle à manger et le plancher du grenier.
Je suis encore débutant, je n’ai ni le bon matériel, ni le recul. J’ai préféré repartir, prendre le temps de réfléchir. Pas question de faire n’importe quoi.
Retour sur place, et première vraie rencontre avec un essaim sauvage
Quelques jours plus tard, je reviens avec ma combinaison, une ruche vide et une scie sauteuse. Le propriétaire me confirme qu’il va refaire le plancher, donc je peux le découper sans problème. J’ouvre doucement un premier trou à côté de l’essaim, afin de pouvoir observer et avancer progressivement. Je veux éviter à tout prix de blesser la colonie.
Les premières abeilles sortent. Elles sont agitées, mais pas agressives. Je me fais piquer. Une, deux fois. Ça brûle, ça gonfle… mais c’est aussi ça, le métier. Malgré la douleur, je ne songe pas à reculer. Je suis là pour apprendre. Et je veux aller jusqu’au bout. M’approcher de l’essaim pour l’observer et le comprendre.
J’élargis la découpe petit à petit, toujours en douceur. Je retiens mon souffle et je penche doucement la tête entre les poutres sous le plancher. Je me retrouve nez à nez avec des milliers d’abeilles entassées entre les poutres, bien organisées et actives. C’est ma première vraie observation d’un essaim sauvage structuré, installé depuis longtemps dans une charpente.
Le spectacle est impressionnant. Des dizaines de milliers d’abeilles grouillent partout. Je reste là, un long moment à les observer. Fasciné. Protégé par la combinaison, je ne suis pas inquiet. Mais je sens que ce moment va compter.
Je découvre la beauté brute d’un essaim sauvage. C’est la première fois que j’en vois un d’aussi près. L’odeur chaude de la cire, le bourdonnement constant, la chaleur qui monte du nid… C’est puissant. Je suis là, à quelques centimètres d’un monde totalement vivant.
Ses odeurs chaudes et douces, son organisation vivante, la chaleur qui s’en dégage. Je suis invité dans leur monde. Individuellement, elles semblent si fragiles… et pourtant, ensemble, elles forment une force puissante, presque intimidante.
Transfert de la colonie, étape par étape
Après cette première rencontre, j’agrandis prudemment l’ouverture, jusqu’à accéder à toute la colonie. Je récupère les rayons un par un. Je fais attention à ne pas casser le couvain. J’essaie de respecter leur ordre, leur logique.
Je cherche la reine. Elle est bien là, entourée d’abeilles ouvrières. Pas plus grosse, mais différente. Elle dégage quelque chose. Je l’observe un long moment avant de la placer dans la ruche. Peu à peu, le reste de la colonie suit.
Tout se passe bien. Une seule intervention suffit pour transférer l’essaim dans la ruche et les retirer de nuit. Le propriétaire est soulagé. Moi, je suis marqué à vie. Je rentre chez moi fatigué, mais heureux. Je sais que je veux continuer.
Depuis ce jour, chaque essaim est différent. Mais celui-là restera toujours à part.
Je me souviens surtout de ce moment suspendu où, la tête penchée dans le plancher, j’ai rencontré pour la première fois un essaim sauvage.
C’est une des expériences fondatrices de mon parcours d’apiculteur en Périgord, et sans doute l’une des plus marquantes. Depuis, je suis régulièrement sollicité pour des interventions de récupération d’essaims dans des greniers, des cheminées ou des murs en pierre.
Ce n’était pas parfait, j’ai fait des erreurs, j’ai pris quelques piqûres… mais j’ai appris. Et je crois que c’est ce que je retiens encore aujourd’hui : apprendre, toujours, et faire au mieux pour elles.
Je vous partage aujourd’hui ce souvenir avec émotion… et, oui, une larme à l’œil.
Vous êtes en Dordogne, dans le Périgord ou ailleurs en France, et un essaim d’abeilles s’est installé chez vous ?
Pas de panique : il est possible de le faire enlever en douceur, par un professionnel passionné.
Avant toute chose, prenez quelques instants pour lire ces articles utiles :
- Que faire si un essaim d’abeilles s’installe chez vous ?
- Récupération d’un essaim d’abeilles : techniques et situations particulières
- Quand les abeilles prennent leur envol – Comprendre et accueillir un essaim
Vous cherchez un apiculteur près de chez vous pour récupérer l’essaim d’abeilles ?
Découvrez la carte interactive des apiculteurs spécialisés dans la récupération d’essaims
Cette carte regroupe des apiculteurs qui interviennent partout en France, et notamment en Dordogne, Périgord, Nouvelle-Aquitaine, et dans de nombreuses autres régions.
Tous ces apiculteurs pratiquent une récupération d’essaim respectueuse des abeilles, sans insecticide ni destruction.