La récupération de mon tout premier essaim
Trémolat, un grenier… et un face-à-face inoubliable
On se souvient toujours de sa première fois. Pour moi, c’était dans le grenier d’une vieille maison à Trémolat, en Dordogne. C’est là que j’ai réalisé ma toute première récupération d’essaim d’abeilles, en tant que jeune apiculteur en Dordogne. À l’époque, je n’avais aucune expérience, mais j’avais déjà une envie immense d’apprendre et de bien faire.
Une maison ancienne, un bourdonnement sous les planches et un essaim sauvage à Trémolat
Tout a commencé par un appel des propriétaires, intrigués par des allées et venues d’abeilles au niveau du grenier. En observant de plus près, ils avaient repéré un petit trou dans le mur en pierre, juste au ras du plancher. Les abeilles entraient et sortaient sans relâche.
Sur place, j’ai pris le temps d’analyser la situation, sans me précipiter. Avec le propriétaire, nous sommes montés dans le grenier. Le parquet était ancien, grinçant. En collant l’oreille au sol, on entendait un bourdonnement sourd et constant. Elles étaient là, juste en dessous, entre le plafond de la salle à manger et le plancher du grenier.
Je n’avais alors ni les outils, ni le recul nécessaire pour intervenir immédiatement. J’ai préféré rentrer, me documenter, réfléchir. Il n’était pas question d’improviser.
Une scie sauteuse, une combinaison… et beaucoup d’émotion
Quelques jours plus tard, je suis revenu avec le matériel adéquat. Le propriétaire, qui prévoyait des travaux, m’avait donné son feu vert pour ouvrir le plancher.
En combinaison, scie sauteuse en main, j’ai commencé à découper prudemment le bois. Je voulais éviter à tout prix de blesser la colonie. J’ai d’abord pratiqué une ouverture à côté de la zone la plus sonore, pour observer sans déranger.
Et là, en me penchant doucement, je me suis retrouvé nez à nez avec l’essaim. Des milliers d’abeilles, à quelques centimètres de mon visage.
Protégé par la combinaison, je n’étais pas en danger. Mais j’étais bouleversé. Pas de peur, non : un mélange de fascination, d’humilité… et d’émerveillement.
Je découvrais la beauté brute d’un essaim sauvage. Ses odeurs chaudes et douces, son organisation vivante, la chaleur qui s’en dégageait. J’étais là, invité dans leur monde.
Récupérer sans brusquer
Après cette première rencontre, j’ai agrandi prudemment l’ouverture, jusqu’à accéder à toute la colonie. Rayon par rayon, j’ai récupéré la colonie avec soin. Je faisais attention à ne pas abîmer le couvain, à préserver l’ordre naturel de la ruche.
Et surtout, j’ai pris le temps de chercher la reine. Elle était bien là : majestueuse, entourée de ses fidèles ouvrières.
Une fois la reine localisée, l’ensemble de l’essaim a été transféré dans une ruche préparée à l’avance. L’opération a pris du temps, mais tout s’est déroulé en douceur. Une seule intervention a suffi, et le propriétaire, soulagé, a pu refermer le plancher comme prévu. Depuis cette première intervention apicole, chaque récupération d’essaim est un moment à part, jamais tout à fait pareil.
Un souvenir gravé à jamais
Je me souviens encore du bourdonnement feutré, de la lumière douce du grenier, de la chaleur sous ma combinaison.
Mais surtout, de ce moment suspendu où, la tête penchée dans le plancher, j’ai rencontré pour la première fois un essaim sauvage.
Cette expérience m’a profondément marqué. Elle a confirmé que j’étais à ma place, en train de faire ce que j’aimais vraiment. Et elle m’a enseigné une leçon essentielle, qui me guide encore aujourd’hui : prendre le temps d’observer avant d’agir.
C’est avec émotion — et oui, une larme à l’œil — que je vous partage aujourd’hui ce souvenir. Parce que c’est aussi ça, être apiculteur : apprendre à s’émerveiller, encore et toujours.